À VOIR À LIRE vous parle de JACQUES DE BASCHER

3 Sep 2022

Jean-Philippe Bêche et Erwan Szejnok Zamor dans le spectacle « Mon fils » au Théâtre de la Contrescarpe à Paris

À VOIR À LIRE vous parle de  » JACQUES DE BASCHER « 

***** Un subtil mélange de sensibilité et d’irrévérence pour faire revivre la folie des années 70/80 à travers le destin inédit de ce dandy hors du commun mais désormais oublié que fut Jacques de Bascher.

Résumé : 1984. Jacques de Bascher, le prince des nuits parisiennes, apprend qu’il est positif au VIH. Paris lui tourne le dos, il se retrouve seul dans son appartement. Il redécouvre ses enregistrements qu’il a faits tout au long de sa vie à l’aide de son magnétophone. Cet appartement, qui a connu de grandes soirées, devient un antre plein de souvenirs, de ses petites réussites mondaines à ses grandes défaites personnelles. Durant cette soirée, Jacques enregistre une dernière cassette pour son compagnon Karl Lagerfeld. Jacques revit ses années Palace alcoolisées, ses rencontres secrètes avec Yves Saint Laurent, sa passion tumultueuse avec Karl Lagerfeld, et évoque tous ses projets avortés mais soigneusement conservés.

Critique : Né en 1951 dans une famille de la haute bourgeoisie, Jacques de Bascher est aussi beau qu’intelligent, aussi libertin qu’inapte au travail. Son domaine de prédilection, c’est la nuit, à une époque où elles sont fastueuses, souvent délirantes de libertés cependant potentiellement périlleuses pour ceux qui en outrepassent les limites. Or, il n’aime rien d’autre que l’outrance, pour le meilleur et pour le pire. Séduit par son originalité, son élégance et sa culture littéraire, Karl Lagerfeld le prend sous son aile. S’installe entre eux une relation platonique faite d’amitié et de respect. Le couturier assure finance et émancipation totale à celui dont la beauté et le goût de la perfection alimentent la puissance de son génie créatif.

Sexe, drogue, alcool et excès en tous genres ponctuent le quotidien du roi de ces fêtes qui rassemblent la jet-set mondiale. C’est au cours de l’une d’elles qu’il rencontre Yves Saint Laurent avec qui il connaît des amours passionnelles et destructrices dont Pierre Bergé sifflera la fin d’une poigne virile. En 1984, notre joyeux noceur apprend qu’il est atteint du sida. Arrive alors l’heure du bilan d’une vie dont il souhaite obsessionnellement laisser une trace, lui qui n’a vécu que de frivolité et d’oisiveté.

Seul en scène et auteur de la pièce, le comédien Gabriel Marc habite intégralement son personnage. Il en restitue toutes les nuances, de la flamboyance à la décadence, grâce à des réparties toujours justes. Oscillant sans cesse entre humour et cynisme, il nous fait partager l’univers de ce trublion aussi attachant que détestable et, ô tour de force suprême, ne manque pas d’arguments pour nous persuader que les personnages fictifs (Lagerfeld, Saint Laurent et Bergé) sont assurément parmi nous. Sur cette scène aux dimensions modestes du théâtre de la Contrescarpe, le moindre espace est utilisé pour récréer le décor et la mode de ces années de libération sexuelle et culturelle. En guise de bouquet final, la mise en scène se surpasse pour offrir au spectateur sidéré un show déjanté, digne de ceux qui illuminèrent, en leur temps, les nuits les plus folles de la capitale.

Une petite salle de spectacle (cent-dix places) pour un exceptionnel moment de théâtre.

Claudine Levanneur

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