"ANNA KARÉNINE" • VU PAR DES MOTS POUR VOUS DIRE – DMPVD

31 Déc 2018

••• HISTOIRE(S) DE FEMME(S) > « ANNA KARÉNINE » VU PAR Carole RAMPAL POUR DES MOTS POUR VOUS DIRE – DMPVD •••

C’est à la première seconde que nous plongeons dans le froid intense de cette pièce de théâtre à l’accent russe. « L’Homme sans nom » (incarné par Samuel Debure), de noir vêtu, au masque de la mort, se tient déjà devant nous et nous explique les arcanes de la passion irrépressible vouée inéluctablement à l’irréparable.
Mais le feu, pour la minute, est sous la glace et, Anna (Lise Laffont), rayonnante, patine sur scène quand le comte Karénine (David Fischer) la remarque et accroche son regard. Il ne tardera pas à l’épouser et à la présenter innocemment à son amie de toujours Varinka (Maroussia Henrich). La morgue aristocratique d’Alexis Karénine, plus préoccupé à remplir les obligations de son rang qu’à pallier les attentes d’affection de sa femme, jettera Anna dans les bras de Varinka. Elle deviendra sa maîtresse et la suivra jusqu’à quitter son époux et son fils Serge…
L’adaptation libre de Laetitia Gonzalbes ne nous éloigne pas pour autant de l’univers de Tolstoï et de la complexité de ses personnages qui oppressent le spectateur comme ils le feraient pour le lecteur. Chacun suit le déroulement de l’histoire avec ses valeurs et… celles de son époque. Si le XXIe siècle pose un regard plus clément sur l’adultère, il est encore sévère sur l’homosexualité : la metteuse en scène a choisi d’éclairer ce sujet non évoqué par l’écrivain par des jeux de rôle parfois sans entrave (Lise Laffont se dénude à demi), et dans une expression artistique multiforme (danse…).

Les scènes rythmées et très courtes accélèrent le temps de ce très gros et grand roman sans en perdre sa profondeur. Les transitions entre elles sont ponctuées par des effets de lumières et musicaux qui œuvrent en poésie. Aussi quand des pétales rouges s’échappent d’un petit ballon pour évoquer le sang qu’Anna perd quand elle accouche, ou quand la fumée blanche du train de la gare où Anna se suicide s’évapore jusqu’au premier rang. Le noir s’épaissit. Les applaudissements retentissent.

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