BAZ’ART vous parle de LA CHUTE DE CAMUS

16 Juin 2021

BAZ’ART vous parle de « LA CHUTE » d’Albert CAMUS

« La Chute » au Théâtre de la Contrescarpe : un texte puissant, impeccablement servi

Quel bonheur de pouvoir retourner au Théâtre de la Contrescarpe où Baz’art a pu voir tant de beaux spectacles ces dernières années, comme Fausse note de Didier Caron ou Pas d’souci du génial Philippe Fertray ! Un bonheur décuplé quand la pièce du Grand Retour s’avère aussi puissante que bien interprétée.

Nous voici dans un bar miteux, quelque part en Hollande. Un homme, Jean-Baptiste Clamence (Stanislas de la Tousche) se tient debout, ou du moins, essaie, fortement ébranlé par un état d’ébriété qui va le pousser à la confidence.

Pendant une heure, il raconte, s’épanche, se dévoile. Tantôt avec désespoir, tantôt avec colère. Parfois avec cynisme. Il nous parle d’une Chute, ou plutôt, de plusieurs. Celle d’une femme, un soir, dans la Seine : une femme qu’il n’a pas voulu secourir et dont le souvenir le hante. De celle qui a été la sienne, depuis le drame, aussi. Jadis homme du monde, brillant avocat, apprécié des femmes, Jean-Baptiste Clamence a connu la déchéance et se présente désormais comme comédien, ou « juge-pénitent » à qui veut bien l’entendre et accepte de l’écouter.

Les mots puissants d’Albert Camus sont incroyablement incarnés par Stanislas De la Tousche, impeccable du début à la fin, quelles que soient les émotions traduites dans ce soliloque déversé comme un intarissable torrent.

La mise en scène sobre et efficace de Géraud Bénech allie habiles effets de lumière et sonores qui nous projettent tantôt dans l’obscurité d’un bar bruyant, tantôt en pleine rue, au bord d’une eau glacée. Des images vidéo viennent s’ajouter à ces effets techniques, mettant l’homme face à lui-même, face au reflet de son égoïsme, de sa lâcheté, de sa culpabilité.

Albert Camus a voulu nous offrir une peinture sans fards de l’homme occidental à travers cet homme qui a subi la Chute – ou l’a précipitée. C’est parfois troublant, souvent touchant, toujours puissant.

« La Chute » est une pièce exigeante à voir, à soutenir, maintenant que, ô bonheur, nos théâtres ont rouvert leurs portes. Bravo !