BAZ'ART vous parle de "PAS D'SOUCI ?" LA DERNIÈRE

23 Avr 2019

BAZ’ART vous parle de « Pas d’souci ?’ LA DERNIÈRE

Rejoignez le mouvement des anti-Pas d’souci avec le génial Philippe Fertray !
Pas d’souci, C’est juste trop…, Je dis ça, je dis rien… Vous aussi, vous êtes lassés par les abus textuels érigés en sport national par les journalistes, la télévision, les personnalités médiatiques, en somme, ces gens qui parlent souvent pour ne rien dire ? Philippe Fertray, aussi, et il le dit, haut et fort en ce moment au Théâtre de la Contrescarpe à travers un spectacle d’une drôlerie sans nom, le bien nommé Pas d’souci, éligible aux Molières 2019.

Un écran sur lequel défilent des images flamboyantes et des formes psychédéliques, presque hypnotiques, annonce l’arrivée en fanfare d’un drôle de bonhomme aux allures de clown, lunettes de protection clignotantes sur les yeux, chemise Liberty, cravate et veste très mal assorties. Il se met à entamer une sorte de slam, où les jeux de mots sont légion, où les lieux communs et les expressions toutes faites reviennent comme des refrains. Le ton est donné et les amateurs de jeux de mots sont piqués au vif, d’emblée. Accrochez-vous, nous allons faire un petit voyage dans le temps…

Prêts ? Alors, on y va, ça va juste trop valoir le détour.

Nous voilà transportés dans une époque où les serveurs répondent par Pas d’souci quand on leur commande un café et un verre d’eau, où des chroni-creuses comme Tristine Angot ou Christine Angoisse commentent tout et surtout rien dans des émissions à fort taux d’audimat, où des sportifs comme Jean Jean Christian Pierre-Pierre s’expriment aussi concrètement que des courants d’air, à force d’avoir tant sacrifié pour arriver là où ils en sont, à savoir le français, la grammaire, les mathématiques, le grec…, où des actrices présentent leur film en ponctuant leurs interviews de Voilà quoi…, où des journalistes affirment plus leur envie de dire que leurs dires eux-mêmes et font une utilisation excessive du Ça pour désigner quelque chose de bien plus grand, mais surtout, pour se simplifier la vie.
En revenant, vous réalisez que vous n’êtes en fait pas partis bien loin. Car cette époque, vous l’aurez sûrement reconnue, c’est la nôtre. Ces portraits, vous les connaissez, vous les croisez, les entendez, les voyez au moins une fois par jour. A chaque imitation, vous ne pourrez vous empêcher de dire à votre voisin « Mais c’est exactement ça ! » – surtout en ce qui concerne Madame Angoisse, avec ses Je ne peux pas entendre ça et ses paupières qui battent à 100 à l’heure comme si elle était au bord de la crise d’épilepsie. Tout discours, au voilàprès, est d’une vérité criante.

Philippe Fertray est un véritable phénomène. Un fin analyste des discours établis de notre époque qui nous démontre, avec une énergie débordante, à quel point ils sonnent creux lorsqu’on tend bien l’oreille. Doublé d’une sorte de Bernard Pivot rigolo qui se serait inspiré de sketchs de Desproges, des Inconnus, qui aurait puisé sa matière dans des reportages diffusés sur des chaînes d’info continue, et dans notre quotidien, tout simplement.

J’ai été sidérée par la qualité de son texte extrêmement fouillé, ses métaphores en rafales, ses jeux de mots brillants – que vous ne saisirez peut-être pas tout de suite, car oui, parfois, il faut s’accrocher ! -, impertinents, ses joutes verbales incessantes, toujours porteuses d’un message. En fan absolue de jeux de mots, j’ai savouré chaque phrase écrite par Philippe Fertray et suis restée muette d’admiration devant certaines situations, tellement elles étaient bien vues.

J’émettrais un léger bémol sur certains choix de la mise en scène, qui m’ont parfois perdue. Le défilement des images sur l’écran en début et en fin de spectacle, notamment.

Après ce spectacle, vous n’écouterez plus jamais la radio, ne regarderez plus jamais une émission de la même façon. Vous vous amuserez à compter le nombre de Voilà, de J’ai envie de dire, de C’est juste trop et prendrez vous-même garde à ce que vous dites. Oui, parce que les abus textuels nous concernent aussi, faut pas croire…

Alors pour terminer, n’en déplaise à Monsieur Fertray, on a envie de vous dire, que voilà, ce spectacle est juste exceptionnel et que ce serait juste trop bête de le manquer – surtout qu’il joue encore deux fois seulement, les mardis 16 et 23 avril à 19h30 !