BLOG DE PHACO vous parle de MON FILS

1 Avr 2022

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BLOG DE PHACO vous parle de  » MON FILS « 

Inspiré en partie par une histoire familiale, Erwan Szejnok Zamor (texte et mise en scène) explore dans Mon fils la thématique de l’absence du père et du traumatisme familial.

Au Théâtre de la Contrescarpe, dans un spectacle touchant à l’atmosphère de conte mystique, il interprète en duo avec le comédien Jean Philippe Bêche ce couple improbable du père et du fils. La barbarie nazie n’a pas seulement eu comme conséquence de révéler toute l’inhumanité des actes commis par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Elle a aussi profondément modifié notre perception humaine du monde. Finalement, les témoignages de ceux qui ont échappé aux camps d’extermination ou de ceux qui y ont perdu toute leur famille ont été assez rares et bon nombre d’entre eux ont préféré garder leur secret jusqu’à la mort. 

Comment peut-on vivre après un tel trauma ? Peut-on guérir ? Se reconstruire ? Fonder une famille ? À toutes ces questions Erwan Szejnok Zamor répond subtilement par une habile parabole entre un père (un certain  Srul) et un fils (Pierre Lefrançois). Cette rencontre théâtrale se profile d’autant plus troublante qu’il s’agit d’un dialogue post-mortem se déroulant devant le linceul du père. Brouillé avec ce dernier depuis plus de trente ans et averti en catimini de sa mort récente par un notaire nous voyons au début de la pièce un Pierre Lefrançois intrigué, découvrant des lettres que Srul lui a laissées.
Subtilement, en une habile progression narrative, Mon fils nous raconte cette insolite et dernière rencontre entre Srul et Pierre Lefrançois. Dans un jeu spontané et inventif Jean Philippe Bêche interprète Pierre Lefrançois, ce fils en colère contre son père, ou plutôt contre son absence, qui découvrira très progressivement au cours de cette même nuit initiatique sa part enfouie de judéité ainsi que tous les évènements majeurs qui ont ponctué la tragique existence de son père.  Quant à Erwan Szejnok Zamor, il interprète brillamment ce rôle complexe de père à la fois tourmenté et volubile, confronté à la double difficulté de se réconcilier une dernière fois avec son fils et de l’éclairer plus précisément sur l’histoire même de sa vie. 

Heureusement, Mon fils échappe à la lourdeur du pathos théâtral et ce spectacle original oscille intelligemment entre la dureté des situations, la tendresse et même – quoique discret – un certain humour.  Dans la pièce l’interaction problématique père/fils nous est finement exposée par deux comédiens au jeu naturel. En outre, le texte intéressant  échappe aux poncifs qui trop souvent encombrent la littérature générale ou le théâtre comme ceux du fils larmoyant et du père empêtré dans des multiples auto-justifications. L’on sait aujourd’hui avec la psychologie moderne que les secrets familiaux ayant pour origine les périodes troublées comme celles de la Seconde Guerre Mondiale figurent parmi les plus destructifs.

Dans son roman Un secret (2004) Philippe Grimbert mettait en exergue –  sur un mode narratif original – un personnage (François) empoisonné par un secret, mais  qui parvenait enfin à se construire à la suite d’une vérité bouleversante qui lui était révélée. Dans ses ouvrages de vulgarisation le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik approfondit cette notion de résilience l’élargissant au plus grand nombre. Dans le spectacle Mon fils l’empreinte de la résilience chez le père se profile d’autant plus troublante qu’elle s’inscrit dans un dialogue de l’au-delà entre les personnages de Srul et de Pierre Lefrançois. Pour le jeu expressif de ses comédiens ainsi que pour son  climat mystique et humaniste,  Mon fils se profile une curiosité théâtrale à découvrir ! 

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