"COMMENT J'AI DRESSÉ UN ESCARGOT SUR TES SEINS" • VU PAR JE N'AI QU'UNE VIE

20 Jan 2019

••• HISTOIRE(S) DE SENTIMENT(S) > Article de Guillaume d’Azémar de Fabrègues pour JE N’AI QU’UNE VIE •••

Un moment de poésie bienveillante, un espace d’amour et de sérénité, une pièce qui vous redonne le moral, à voir absolument.Sur scène, une caisse. Une grande caisse. Vient la musique, un peu guillerette, un peu mélancolique, un peu oppressante. La caisse s’ouvre, par le devant. Le comédien est dedans, assis. Il parle. A une femme, qu’il appelle Madame. Il lui parle de son cœur. Il lui parle à cœur ouvert, d’ailleurs son cœur est là, entre eux deux, posé sur la table. C’est normal, les cœurs s’évadent, partent en balade. Plus tard, l’homme sera blessé, la femme le remarquera. Plus tard, Emile (c’est le nom de l’escargot) devra courir quérir un battement de cœur, un mot d’amour. Plus tard…

Matéi Visniec joue avec les mots, avec les émotions, avec l’amour. Il y a un homme, un homme fragile, un homme qui met son cœur à nu. Un homme qui prend les mots au pied de la lettre, qui crée un espace de poésie. Un espace bienveillant. Il pourrait y avoir rapport de force, souffrance. Il y a juste beauté, poésie.

La mise en scène, la scénographie, servent le texte, complètent la beauté, ajoutent à la sérénité. Ici, pas de grands déplacements nerveux, pas de rapports de force. Just de la tendresse.

Il y a Salvatore Caltabiano. Il raconte, avec justesse, calme, naturel, sans se presser. Il est à l’aise dans le texte, dans la mise en scène, ça se sent, il transmet tranquillement les émotions successives de l’homme qui aime au spectateur, qui les reçoit.

Les spectateurs ? Captivés, ils écoutent. Le ton ne monte jamais, il y a des temps silencieux. Les spectateurs reçoivent les émotions, les assimilent. On sent leur attention, leur concentration. Quand le noir s’est fait, ils sont restés longtemps silencieux, ils continuaient à recevoir. Et puis ils ont longuement applaudi, crié quelques bravos.
Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins est une pièce bonbon, de ces pièces qui font du bien, dans lesquelles on rentre avec les tracas du quotidien, dont on ressort avec le sourire. Une pièce qui m’a fait du bien, tout en poésie, tout en douceur, tout en poésie, comme une pastille Vichy.

Quand la caisse s’est ouverte, j’ai souri, et je suis resté souriant jusqu’à la fin de la pièce. Un sourire parfois crispé, parfois inquiet, parfois curieux, toujours présent. J’ai été très sensible à la bienveillance poétique du texte, au sourire contagieux du comédien.

Une pièce à aller voir. Une pièce à aller voir à deux, je suis sorti revigoré, une fois assis dans le métro, il me manquait une main, un regard pétillant, un souffle chaud. Je crois que moi aussi je me fais systématiquement avoir quand elle pleure. Mais putain que c’est bon de se faire avoir.

 

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