En ce temps-là l’amour

Z. vient tout juste d’être grand-père. Il se décide alors à enregistrer pour son fils, sur bandes magnétiques, un souvenir gravé à jamais dans sa mémoire : sa rencontre avec un père et son fils dans le train qui les conduisait aux camps de la mort.

Le temps du trajet, ignorant le chaos qui s’installe de jour en jour dans le wagon, ce père va profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l’essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme.

Auteur Gilles Segal
M.e.s. Christophe Gand
Avec David Brécourt

Scénographie Nils Zachariasen
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Lumière Denis Koransky
Musique originale Raphaël Sanchez

Durée du spectacle : 1h10

Le présent spectacle n'est plus vendu.

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2 DATES EXCEPTIONNELLES DE “EN CE TEMPS-LÀ L’AMOUR” mardi 28 et mercredi 29 mai à 19h30.

EXTRAITS

« Dans le wagon, c’était un vacarme infernal. Les gens gueulaient, passant de l’affolement à l’abattement, de l’abattement à la révolte, puis au désespoir. [… ] Et tout à coup, au milieu de ce merdier, j’entends tout près de moi, une voix… je veux dire une voix normale ! Normale dans cette folie… c’est fou, non ? C’était un homme qui était là, dans un coin, avec son fils… douze ans, le fils… dans un coin, avec son fils, et je l’entends lui dire… je l’entends lui dire, le plus simplement du monde :
« Est-ce que tu as fait tes devoirs pour demain, mon fils ? »

« En ce temps-là, l’amour était de chasser ses enfants. Moi, j’avais pu éviter à ta sœur et à toi d’être dans ce train qui nous menait vers… bon, tu sais. Le petit, c’est-à-dire toi, j’avais réussi à le… Mais ça aussi, en gros tu es au courant. Et puis ce n’est pas mon histoire à moi que je veux te raconter. Elle n’a malheureusement pas grand-chose d’original. Pour l’époque je veux dire. »

« Il ne termina pas sa phrase. L’enfant s’endormait déjà et murmurait dans son demi-sommeil « Maman… mam… ». Alors l’homme lui demande : « Sais-tu pourquoi le roi et la reine d’Angleterre n’ont pas le droit de voyager ensemble ? Non ? C’est pourtant simple. Pour éviter le risque qu’ils disparaissent tous les deux dans un même accident ! » Et il se met à rire, à rire, je le jure ! C’est en riant qu’il dit : « C’est comme ta mère et moi, nous ne voyageons pas dans le même train ! » L’homme était livide. Ses yeux brillaient de fièvre. Et il riait ! Fou ! Oui, il était fou !

Note d’intention du metteur en scène

J’ai rencontré Gilles Segal en 2010 pour un court-métrage que je réalisais et dans lequel il interprétait le personnage principal. À cette occasion, j’ai découvert un homme sensible, doux, secret, intelligent et très à l’écoute du tout jeune cinéaste que j’étais.

Quelques années plus tard, j’ai assisté à une représentation de sa pièce En ce temps-là, l’amour… qu’il jouait lui-même. Au théâtre, c’est le plus grand choc que j’ai eu en tant que spectateur. La poésie incroyable et l’humour qui se dégagent de cette pièce, malgré la lourdeur du sujet, offrent à ce texte une force et une émotion intense. J’ai récemment découvert David Brécourt dans Kamikazes de Stéphane Guérin et en le voyant jouer, j’ai repensé à ce texte de Gilles Segal. David a cette force tranquille, un regard perçant et surtout ce type de jeu organique que j’imagine pour interpréter Z, le personnage de la pièce qui enregistre ce « souvenir ».

Même si on ne parlera jamais assez de la Shoah, on ne compte plus les films, les romans et les pièces de théâtre sur ce sujet. J’ai toujours été « passionné » par cette période, et tourne dans ma tête cette question sans réponse : où s’arrêtait l’horreur, au point de concevoir l’extermination des Juifs de manière « industrielle » ? Malgré la charge autobiographique de sa pièce, Gilles a réussi l’immense pari de traiter de ce sujet en nous intriguant, en nous immergeant dans un conte et même en nous faisant rire. Pas une seule fois il y a trace de pathos dans le texte, ou d’éléments larmoyants.

Seul sur scène le personnage, marqué par l’arrivée au monde de son petit-fils, sent le besoin de témoigner, la nécessité de transmettre. De manière indirecte, il se livre par l’intermédiaire d’un Revox à bandes. Au lieu d’assister à l’action dans le train, nous sommes immergés avec cet homme dans son enregistrement. Nous vivions ses fêlures, ses difficultés à parler, son besoin de livrer un texte à son fils, sans fausse note.

J’ai fait le choix d’ancrer la pièce dans les années 60. Je ne souhaite pas proposer un seul en scène dénué de scénographie. L’auteur, dans les didascalies du début, propose différents lieux possibles. Parmi eux, j’ai choisi l’atelier d’horlogerie de Z pour le rapport au temps. La trame (ce père qui veut donner à son fils la possibilité de vivre toute une vie d’homme le temps du trajet du train) est marquée par ce temps qui passe, ce temps imposé, ce temps dont le fils sera dépossédé. J’ai donc la volonté de travailler ce rapport au temps, le rapport de ce personnage, qui a fait le choix de vivre au milieu d’horloges, de cadrans, d’aiguilles, de chiffres, de tic-tacs.

La pièce est séquencée en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la création du monde, un monde que ce père refuse de voir s’effondrer. Pour donner aux spectateurs des moments de respirations, des musiques marqueront ces 7 périodes.

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